Bonjour Rudy,
Il y a dans la diplomatie d’Emmanuel Macron quelque chose de profondément déroutant : une sorte d’errance morale et stratégique qui ne cesse de s’amplifier à mesure que la fin de son mandat approche.
Depuis des mois, l’Élysée s’est enfermé dans une fuite en avant, obsédée par l’idée de reconnaître unilatéralement et sans condition un État Palestinien – au mépris du droit, du contexte, de l’histoire, du bon sens – afin de ressusciter la « solution à deux États » dont les Israéliens ne veulent plus et que les Palestiniens n’ont jamais considéré.
Et ce désir pernicieux est d’autant plus insupportable que la France a tout à y perdre. Elle se brouille avec un pays ami et un allié stratégique au Proche-Orient. Elle trahit la mémoire de son engagement historique pour Israël. Elle nourrit ses propres fractures internes. Tout ça pour ne rien obtenir en retour : ni prestige, ni influence, ni respect.
Alors, me diriez-vous, pourquoi vouloir absolument reconnaitre cet État palestinien ?
Parce que, hélas, l’esprit munichois a gagné le sommet de l’État.
Depuis près de deux ans, la guerre fait rage. Une propagande palestiniste massive envahit réseaux, écrans et esprits. Résultat : Israël est devenu le coupable universel.
Et face à la pression virulente de cette meute islamo-palestiniste, nos dirigeants, pétris de peur, reculent et leur cèdent tout ; comme le recommande le rapport déclassifié sur l’entrisme des Frères musulmans et de l’islam politique.
Alors, on sacrifie nos valeurs, nos intérêts, et on leur offre sur un plateau l’État palestinien qu’ils exigent. Peu importe la justice, pourvu qu’ils se calment, pourvu qu’ils ne mettent pas davantage la République à feu et à sang.
Pourtant, Emmanuel Macron avait fixé au moins quatre conditions claires parmi lesquelles : la libération des otages, l’éviction du Hamas, un renouvellement démocratique de l’Autorité palestinienne, et la reconnaissance pleine d’Israël par ses voisins arabes.
Qu’en reste-t-il ? Rien. Il a renoncé à chacune de ses exigences et s’apprête à offrir au Hamas et aux islamistes une victoire politique majeure, en validant leur stratégie de terreur et en les encourageant à persévérer dans la barbarie.
Or, nul ne peut prétendre combattre le mal en pactisant avec lui. Nul ne peut tendre la main à ceux qui rêvent d’effacer Israël de la carte.
Depuis deux ans, les forces les plus rétrogrades de notre temps entraînent déjà le monde libre dans une spirale de haine et de violence. Y apposer le sceau officiel de la France serait une capitulation morale insupportable et impardonnable.
Et puisque la France n’a aucun levier pour faire fléchir le Hamas, qu’au moins elle agisse auprès des États arabes de la région en conditionnant la reconnaissance de la Palestine par la France à la reconnaissance d’Israël par ces pays.
Rappelons-le autant qu’il le faudra : le conflit israélo-palestinien n’est que le prolongement du conflit israélo-arabe, né du rejet de toute existence d’un État juif sur sa terre ancestrale. Et ce rejet n’est pas territorial, mais existentiel : car pour une partie du monde arabe et pour l’islamisme nourri par les Frères musulmans, aucune souveraineté non musulmane n’est tolérable en « terre d’islam ». La présence juive – pourtant indigène et antérieure de quinze siècles à la naissance de l’islam – leur est insupportable.
Tout le cœur du conflit, c’est la négation d’Israël.
Alors, changeons de paradigme : transformons les « trois non » de Khartoum en 1967 en « trois oui » :
Oui à la reconnaissance d’Israël par les 21 pays arabes.
Oui à la négociation et à la normalisation.
Oui à la paix.
C’est seulement dans ce cadre que pourront être levés les verrous qui empêchent aujourd’hui tout règlement : la libération des otages, le démantèlement des organisations terroristes, la démilitarisation de Gaza, la fin de l’UNRWA, la fin de l’endoctrinement à la haine et la réforme de l’Autorité palestinienne.
La vérité est simple : un État palestinien imposé prématurément n’apportera jamais la paix. C’est l’inverse : seule la paix pourra, un jour, permettre la naissance d’un État palestinien viable et durable, ou une solution juste pour tous les peuples de la région.
Arié Bensemhoun