La startup israélienne BloomX est en train de faire mentir cette prévision. Le syndrome d’effondrement des colonies, un phénomène où les abeilles disparaissent pour des raisons mystérieuses, a suscité une grande inquiétude ces dernières décennies et donné lieu à de nombreuses campagnes pour « sauver les abeilles », car les abeilles domestiques sont indispensables à la pollinisation des plantes qui nous nourrissent. Mais Il n’y a plus assez d’abeilles domestiques pour répondre aux besoins agricoles toujours croissants, c’est pourquoi BloomX a inventé des unités mobiles qui imitent le travail des abeilles, non pas pour jouer les apprentis sorciers mais parce que c’est une nécessité.
Depuis 1961, la surface des terres agricoles a augmenté de 600 %. Sur la même période, le nombre de ruches gérées n’a augmenté que de 83 %. Il y a donc là un problème d’offre et de demande. Et aussi un problème de moyens. Tout le monde ne peut pas s’offrir ce que reçoit la Californie. Chaque année, environ 48 milliards d’abeilles domestiques sont expédiées vers les vergers d’amandiers en Californie, puis déplacées dans d’autres régions pour polliniser d’autres cultures. Beaucoup meurent au cours de ces trajets.
Fondée en 2019 dans le petit village agricole de Rishpon où vivait son PDG Thai Sade, l’entreprise a développé des outils robotiques qui pollinisent aussi efficacement qu’une abeille sauvage, sans les risques liés aux abeilles vivantes.
Il y a différents robots qui agissent en fonction du fruit qu’il faut polliniser. Par exemple, le premier produit de BloomX, Robee, destiné aux myrtilles, possède des bras mécaniques et peut imiter le battement d’ailes des abeilles. La pollinisation des myrtilles consiste à secouer les fleurs pour déplacer le pollen des parties mâles aux parties femelles — un travail que les bourdons accomplissent très efficacement dans la nature.
Le second produit, Crossbee, est destiné à la pollinisation des avocats. Les fleurs mâles et femelles des avocatiers s’ouvrent à des heures différentes et nécessitent une pollinisation croisée. Contrairement à Robee, qui secoue les fleurs, Crossbee imite les forces électrostatiques (comme lorsqu’on frotte un ballon sur ses cheveux) appliquées par les abeilles pour extraire le pollen collant. Crossbee extrait donc le pollen des fleurs mâles et le stocke dans un cadre, conservable sans conservateur pendant 24 heures, jusqu’à l’ouverture des fleurs femelles.
Les pommes, les mangues, et d'autres types de baies, ainsi que les tomates de serre auront bientôt leur propre robot abeille.
Jean-François Strouf