L'otage libéré, Avinatan Or, a raconté dimanche soir les détails poignants de sa captivité aux mains du Hamas, décrivant sa tentative d'évasion ratée, les sévices qu'il a subis et les moyens qu'il a mis en œuvre pour rester concentré plus de deux ans coincé dans les tunnels de Gaza. Il a décrit sa tentative d'évasion, révélée peu après sa libération. Il s'est exprimé aux côtés d'Argamani et des otages récemment libérés Evyatar David et Guy Gilboa-Dalal, à l'auditoire de l'Assemblée générale des Fédérations juives d'Amérique du Nord, qui se tenait à Washington. "J’ai tenté de m’échapper", a-t-il affirmé lors de la conférence. "Pendant des semaines, j’ai creusé à travers des sacs de sable et un tunnel effondré pour remonter à la surface. Je me suis forcé à changer mon destin." "Un jour, alors que je creusais, je suis tombé sur la racine d’un arbre. J’en ai senti l’odeur. J’ai eu l’impression de toucher la vie au lieu de la mort. Puis, une nuit, j’ai atteint l’extérieur. J’ai vu des étoiles pour la première fois depuis des années", a poursuivi Avinatan Or.
"J'ai écrit 'otage' sur un sac de sable blanc", a-t-il noté "en préparant la suite, mais ils l’ont découvert. Ils m’ont battu pendant des jours, ils m’ont attaché à une chaise pendant une semaine".
"J'étais sûr que j'allais mourir là, mais même à ce moment-là, j'ai écrit trois choses à côté de mon lit : 'Cela aussi passera', 'patience' et 'laisse faire'. Ces mots m'ont permis de garder mon humanité."
"J’ai passé 738 jours sous terre à Gaza, seul, enchaîné, sans lumière ni nourriture", a-t-il affirmé. "J’étais parmi les derniers otages à rentrer chez moi. J’étais seul dans les tunnels pendant toute ma captivité. Pendant plus de deux ans, je n’ai pas vu la lumière du jour, les jours passaient sans que personne ne me parle, je n’entendais pas ma langue, personne n’appelait mon nom. Le plus dur, c’est de ne rien savoir : ni quel jour on est, ni ce qui se passe dans le monde, ni si les gens que j’aime sont encore en vie."
"Pour survivre, je me suis fixé quelques règles, la première étant la patience. Chaque jour, je me disais 'juste un jour de plus', 'ne pense pas plus loin'. La patience a été ma bouée de sauvetage", a-t-il expliqué.
"Deuxième règle : trouver un terrain d’entente", a-t-il dit. "J’ai parlé à mes ravisseurs de foi, de la Torah et du Coran, de Joseph et Yusuf, d’Abraham et d’Ibrahim, des noms différents mais des histoires universelles."
"Règle numéro trois : la colère détruit", poursuivit-il. "On ne peut pas survivre en étant en colère. Je me suis parfois autorisé à la ressentir, mais j’ai fini par lâcher prise."
Gabriel Attal