Bonjour Rudy,
Alors que les derniers corps d’otages peinent à être restitués, la paix à Gaza semble plus que jamais un mirage. Le Hamas, fidèle à sa logique de guerre sainte jusqu’au-boutiste, continue de violer ses engagements du Plan Trump tandis que l’Occident, lui, observe, commente, exhorte, mais n’agit pas.
Dans cette impasse, les nations du monde libre, notamment la France, ont leur part de responsabilité, car elles ont perdu le sens des valeurs qu’elles prétendaient défendre et ont permis au Hamas de survivre.
Alors qu’Israël a vécu le 7 octobre 2023 comme une blessure existentielle, l’Occident l’a ramené à la rhétorique dépassée du « conflit israélo-palestinien ». Ce réflexe a aplati l’histoire, dilué la tragédie et permis au terrorisme de se redéployer sous les habits d’une prétendue « résistance ». Les chancelleries ont refusé de voir que le 7 octobre n’était pas un simple épisode de barbarie palestinienne, mais une guerre métaphysique : celle que le fanatisme islamiste livre à la civilisation.
Dix ans après les attentats de Paris, l’Europe connaît pourtant que trop bien cette menace. Mais faute d’avoir combattu l’islamisme pour ce qu’il est, celui-ci a su troquer la kalachnikov pour le prosélytisme, l’entrisme et le palestinisme. Et plutôt que de nommer le mal, on l’a contextualisé. Dès le lendemain des massacres, on parlait de « proportionnalité » et de « cessez-le-feu ». La prudence diplomatique est devenue morale de substitution. Dans cette symétrie héritée d’un pacifisme sentimental, le Hamas triomphe symboliquement, retourne la compassion mondiale à son profit et orchestrant la souffrance de la population qui l’a élu.
De cette faute morale a découlé la faute politique avec la vague de reconnaissance sans condition d’un État palestinien. Ce geste, présenté comme une offrande à la paix, a en réalité consacré la stratégie du chantage et du sang. Dans une Europe minée par les tensions communautaires et l’explosion de la haine des Juifs, cette reconnaissance a été pensée comme un anesthésiant social et l’Occident a envoyé le pire des messages : celui que la violence paie.
Cette faute historique trouve sa racine dans une incompréhension persistante : croire que le « conflit israélo-palestinien » est territorial. Depuis un siècle, on imagine que la paix naîtra d’une ligne tracée sur une carte. Mais le Hamas ne lutte pas pour un État aux côtés d’Israël, mais pour un État islamique à sa place. Traiter ce fanatisme comme un nationalisme frustré condamne à proposer des solutions politiques à un mal métaphysique, qui ne pourra être surmonté que par la transformation du regard arabe sur la légitimité du fait juif.
Alors sous la pression des opinions publiques, les gouvernements occidentaux ont abandonné Israël au moment le plus critique de son opération contre le Hamas, avec des pauses humanitaires et des cessez-le-feu qui ont permis aux terroristes de sortir de l’étreinte, rendant impossible une résolution définitive du conflit.
Croyant sauver des vies, l’Occident n’a fait que prolonger les souffrances. En substituant la morale des intentions à la politique des réalités, le monde libre a validé la stratégie des boucliers humains et des prises d’otages, renforçant chez le Hamas la conviction que les chancelleries occidentales finiront toujours par contraindre Israël au compromis au nom d’un humanisme dévoyé.
Mais la faute la plus profonde est culturelle. C’est celle d’une civilisation qui ne croit plus en ses valeurs et ne se comporte plus en puissance stratégique, mais en ONG humanitaire géante. L’Occident a perdu le courage de nommer l’ennemi et de défendre qu’une démocratie attaquée a le devoir de se protéger.
En refusant de penser l’islamisme comme un totalitarisme, il se condamne à dialoguer avec l’inhumain. Le Hamas n’est pas un acteur local, c’est une idéologie transnationale, branche palestinienne des Frères musulmans, mue par une théologie de la haine et du martyre. Le traiter comme interlocuteur raisonnable réhabilite le fanatisme sous le masque de la diplomatie.
En n’établissant aucune condition à la reconnaissance d’un État palestinien, en n’agissant pas pour le démantèlement du Hamas et en délégitimant les opérations israéliennes allant dans ce sens, l’Occident s’est égaré, offrant au mouvement islamiste un répit et un espoir inespéré qui le confortent dans son irrédentisme.
Désormais, comment exiger des terroristes palestiniens qu’ils déposent les armes, alors qu’on vient de les inscrire dans l’ADN d’une nation artificielle à qui l’on a offert, par leur violence, un succès diplomatique historique ?
Une fois de plus, l’histoire bégaie : l’Occident refuse d’apprendre, cède au chantage de la compassion et prépare le terrain de la prochaine tragédie.
Arié Bensemhoun