On disait Israël en retard dans le domaine du recyclage, mais il est possible de faire un double Tikoun Olam. Parfois confronté à des situations difficiles, l’être humain trouve ses propres ressources à travers des solutions qui sont bonnes pour l’être humain et bonnes pour la planète. Et c’est un véritable récit de vie que nous raconte Dani Kogan, père d’un jeune autiste qui a fait du handicap de son fils une opportunité pour la planète. Alors oui, Rudy, c’est une double réparation du monde !
Ecologie pour une communauté protégée, une organisation de recyclage des déchets électriques et électroniques reconnue par l’État comme un service de réinsertion. Sur 93 employés, 75 sont en situation de handicap — qu’il soit physique, cognitif ou sensoriel — tels que l’autisme, la trisomie 21 ou le stress post-traumatique.
A quelle population s'adresse cet organisme ? La composition de l’effectif reflète la diversité régionale : environ 70 % des employés sont des Arabes israéliens de différentes religions et sous-groupes — musulmans, chrétiens, bédouins et druzes — travaillant aux côtés de Juifs israéliens et même de réfugiés ukrainiens. Ils viennent de foyers et résidences situés dans un rayon de 40 minutes, souvent orientés par les services sociaux. Ils reçoivent un déjeuner chaud et un transport si nécessaire.
Le recyclage repose sur une variété de tâches adaptées à des forces et capacités différentes, allant du démontage d’appareils au travail sur des cartes mères d’ordinateurs.
Chaque employé est formé et bénéficie d’un plan de développement personnel, suivi par un travailleur social interne à temps plein. Les salaires sont fixés par le ministère de l’Économie. La finalité n’est donc pas qu’ils soient définitivement assignés à ces taches mais qu’ils soient pris en charge pour une évolution personnelle.
Kogan est fier qu’une dizaine d’employés aient déjà intégré de grandes entreprises, comme Elbit Systems, société renommée de technologies militaires, où ils travaillent aux côtés de collègues valides.
Les déchets collectés auprès de 1 700 partenaires sont triés, puis envoyés soit pour être revendus (comme certaines pièces de laboratoire), soit démontés manuellement et envoyés dans des usines en Israël ou à l’étranger. Seul le plastique finit en décharge.
Un troisième pôle est dédié à la destruction de données numériques confidentielles.
Le matériel informatique récupérable est reconditionné. Tout particulier peut acheter un ordinateur sur place ou en ligne à 30 à 50 % du prix du marché, avec une garantie de deux ans. Depuis la guerre déclenchée par le massacre du Hamas du 7 octobre 2023, l’entreprise a distribué des ordinateurs gratuitement ou à prix réduit à des évacués, des soldats blessés et des centres civils d’opérations.
Durant la pandémie de COVID-19 comme pendant la guerre actuelle, les employés ont été reconnus comme « travailleurs essentiels », ce qui leur a donné une immense fierté, ce qui incite à aller plus loin !
Parallèlement, Kogan souhaite accroître le nombre d’ordinateurs reconditionnés, environ 6 000 ayant été vendus l’an dernier. Un partenariat avec Bank Hapoalim permet de redonner des ordinateurs quasi neufs à des populations défavorisées.
Enfin, il soutient la création d’un centre de visiteurs au sein de l’usine, pour sensibiliser le public au handicap et au recyclage.
Mais son rêve le plus ambitieux est Yonatan Heights, une communauté destinée aux familles d’enfants handicapés et à leurs frères et sœurs valides, avec tous les services sur place. Les parents y trouveraient la sérénité de savoir que leurs enfants particuliers seraient pris en charge après leur disparition.
Jean-François Strouf