Bonjour Arié Bensemhoun, cette semaine, vous souhaitez faire le point sur la position diplomatique de la France ces dernières semaines…
Bonjour,
« Ils ont oublié que l’Histoire est tragique », écrivait Raymond Aron en 1979, alors que la France se berçait d’illusions en saluant le retour de Khomeini. Aron, lui, voyait déjà poindre le fanatisme. Quarante-six ans plus tard, le même aveuglement persiste.
Car l’Histoire revient. Non pas à l’identique, mais fidèle à sa logique tragique. En 1936, Paul Valéry écrivait : « Le temps du monde fini commence. » Il annonçait la fin d’un ordre stable, l’essor des totalitarismes et l’impuissance des démocraties face à ceux dont la seule finalité est la guerre.
À cette époque, l’Europe croyait pouvoir arrêter Hitler avec des mots et des traités. Mais c’est justement cet excès de diplomatie, cette foi naïve dans la parole de l’ennemi, qui précipita le monde dans l’abîme.
Aujourd’hui, un nouveau totalitarisme s’impose : l’islamisme, dont le cœur stratégique bat à Téhéran. Et face à lui, la diplomatie française, comme il y a neuf décennies, commet les mêmes erreurs : illusions pacifistes, complaisance, compromission, et abandon de ses alliés – hier la Tchécoslovaquie, aujourd’hui Israël.
D’autant qu’aujourd’hui la menace iranienne dépasse largement Israël…
Absolument, Eva.
La République islamique d’Iran, parrain du terrorisme et du djihad mondial, est une insulte à la diplomatie, aux droits de l’Homme, et constitue une menace pour tous, y compris une Europe à portée de tir.
Depuis plus de 40 ans, les Gardiens de la Révolution iranienne avancent, cyniquement, méthodiquement, vers l’arme nucléaire pour sanctuariser leur régime, faire pression sur leurs ennemis, et anéantir Israël, le peuple Juif et un monde libre perçu comme le mal absolu.
Ce projet n’est pas une lubie conjoncturelle : c’est la matrice idéologique du régime. Il structure sa stratégie, inspire sa diplomatie, justifie ses crimes.
Face à cette menace systématique, imminente et existentielle, la France et l’Europe tergiversent. Elles discutent, négocient, espérant encore que le droit suffira à contenir la force. Mais le droit international n’a de sens que s’il est respecté. Or l’Iran le piétine chaque jour : enrichissement illégal d’uranium, soutien militaire à l’agression russe, financement de milices par procuration, attaques contre des soldats français, enlèvements de civils, négation de toute règle.
Le 13 juin 2025, Israël a agi – car il n’avait plus d’autre choix. Et l’Histoire retiendra que face à l’inaction du monde, un petit État, lui, a refusé de céder à la fatalité.
Pourtant Arié, la réaction de la diplomatie française a été très sévère envers Israël…
Plus les semaines passent, plus les démocraties occidentales, la France en tête, brillent par leur diplomatie de l’impuissance, abritées derrière un droit international devenu un prétexte pour ne pas affronter les réalités géopolitiques ni assumer les rapports de force qu’elles impliquent.
Clausewitz le rappelait : « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». Elle n’est jamais un choix, mais parfois la dernière réponse pour éviter le pire.
Mais dans ce moment critique, que fait la France ? Elle condamne Israël pour avoir défendu son existence. Elle invisibilise ses industries de défense au salon du Bourget. Elle évoque des sanctions, remet en cause l’accord d’association avec l’Union européenne, envisage de reconnaître un État palestinien. Tout cela pour « apaiser les frustrations » de la communauté musulmane, comme le soulignait le rapport sur l’entrisme des Frères musulmans.
Cette logique clientéliste est dangereuse. Elle trahit l’esprit républicain. Elle renonce à nos valeurs, à nos alliances, à toute cohérence. Punir Israël, ce serait sanctionner la seule démocratie du Moyen-Orient. Ce serait renier notre propre Histoire.
Dans la razzia djihadiste du 7 octobre, ce n’est pas seulement Israël qui a été agressé, c’est tout le monde libre – et notamment 49 de nos concitoyens, massacrés. Face à cette barbarie, Israël mène une guerre de légitime défense contre les mandataires de l’Iran : le Hamas, le Hezbollah, les Houthis.
Et lorsque des missiles balistiques iraniens s’abattaient sur son sol, que faisait la France ? Rien. Elle demeurait passive, quand ses alliés occidentaux — et même plusieurs pays arabes — agissaient pour défendre l’État juif.
Mais il est encore temps, Eva. Temps de redresser l’échine. De dire que la liberté ne se négocie pas, que la loyauté ne se monnaye pas sur l’autel des intérêts partisans.
A l’heure où Israël tient tête à l’obscurité, c’est l’honneur de notre civilisation qui vacille.
Si la France veut rester cette lumière que l’Histoire n’a jamais su éteindre, alors elle doit parler avec force et avec feu. Non pas pour plaire, mais pour dire le vrai, défendre le juste, et rappeler au monde que dans le tumulte des Nations, il est des voix qui ne se taise pas.
Et plus que jamais, celle de la France doit en être.
Arié Bensemhoun