Le président de l'Etat d'Israël, Isaac Herzog, s'est rendu ce mercredi avec son homologue allemand, Frank-Walter Stenmeier au kibboutz Be'eri dans le cadre des commémorations du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays.

Isaac Herzog a déclaré : "Pour moi, cet événement est chargé de symboles. Quatre-vingts ans après l'Holocauste, soixante ans après l'établissement de ces relations, nous voyons encore ici les cendres de cette horrible atrocité du 7 octobre, et nous créons la vie ensemble avec cette incroyable communauté de Be'eri. Pour moi, le véritable honneur, et il devrait être un honneur mondial, revient au kibboutz Be'eri et à ses membres, ainsi qu'à tous les habitants de cette région qui, héroïquement, retournent au Kibboutz Be'eri pour reconstruire et prouver que l'esprit humain surmonte les pires atrocités et la douleur. Le fait que nous établissions – rétablissions – cette galerie comme un lieu de recueillement est ce qui nous donne de l'espoir. J'espère sincèrement et je crois qu'après la période horrible que nous avons traversée et traversons encore, nous connaîtrons également la paix dans cette région avec nos voisins. Alors, si D.ieu le veut, espérons que nous inaugurerons cette magnifique galerie et que Be'eri prospèrera."

De son côté, le président allemand, Frank-Walter Stenmeier a affirmé : "Il y a près d'un an et demi, ma femme et moi étions ici, au kibboutz Be'eri. Ce que nous avons vu alors restera à jamais gravé dans notre mémoire : des maisons en ruines, des arbres calcinés, des objets du quotidien et des jouets éparpillés, l'horreur, la souffrance. Cela nous a profondément marqués, mais nous avons aussi ressenti autre chose : la volonté de ne pas abandonner. La volonté de reconstruire. Aujourd'hui, nous sommes de retour pour témoigner notre respect pour votre courage et notre admiration pour votre capacité à reconstruire. Mais j'aimerais que la situation générale soit différente. Tous les otages ne sont pas rentrés chez eux. La guerre fait rage, et beaucoup d'entre vous n'ont pas encore pu revenir ici. Il y a un an, nous avons été choqués par les atrocités commises par le Hamas. Nous avons vu la galerie d'art détruite, ce qui, selon nous, constituait une atteinte aux valeurs que le kibboutz défend : l'ouverture, la culture et l'humanité. Nous avons promis de contribuer à la reconstruction de ce lieu."

"Pourtant, nous sommes plus éloignés de l'avenir que nous le souhaiterions. Le kibboutz n'est pas encore habité, les blessures sont profondes. Les familles sont en deuil et nous attendons toujours le retour des otages, la vie et la sécurité. 585 jours après le massacre, des otages sont toujours aux mains du Hamas, y compris des compagnons allemands. Leur sort est une plaie ouverte. L'Allemagne ne les oubliera pas, et je ne les oublierai pas. Notre voix ne restera pas silencieuse tant qu'ils ne seront pas revenus."

"La reconstruction de cette galerie est un signe visible de notre attitude contre la violence. Elle dit : les ennemis de la liberté peuvent détruire des bâtiments, anéantir des vies humaines, mais ils ne peuvent vaincre ce que nous défendons. Le Be'eri où vous retournerez sera différent de celui que vous avez quitté. Il connaîtra une douleur et un chagrin sans précédent, et pourtant, ce lieu renferme bien plus que ce jour le plus sombre de l'histoire. L'histoire de Be'eri remonte bien au-delà du 7 octobre 2023 et elle n'est pas terminée. J'espère qu'aujourd'hui vous donnera un peu d'espoir, qu'il vous donnera une idée de l'avenir qui vous attend à votre retour à Be'eri. Merci infiniment."

Gabriel Attal