Le Sud d’Israël, et plus particulièrement la région de l’Otef Aza (la « ceinture de Gaza »), demeure le lieu le plus intensément marqué par la guerre du 7 octobre 2023. Les kibboutzim de Be’eri, Nir Oz, Kfar Aza, Re’im ou Nahal Oz ont vu leurs champs brûler, leurs vergers détruits, leurs serres perforées par les tirs. La terre, qui portait avant tout l’abondance – tomates, agrumes, tournesols, blé du Néguev – a été traversée par le feu et le métal.
Mais déjà, sous la cendre, la vie recommence. Les habitants revenus sur leurs terres labourent à nouveau les sillons de leurs champs. « Planter, c’est résister », disent les agriculteurs du Néguev. Chaque graine devient un acte de mémoire et un refus du néant. D’où aussi la volonté de nommer différemment la région.
Face à l’urgence humaine, Israël a lancé un vaste plan de reconstruction de 19 milliards de shekels, qui ne se limite pas à rebâtir les maisons : il vise à réparer la relation entre les habitants et leur environnement. De nouvelles infrastructures se dessinent le long de la frontière.
• Le centre de visiteurs de Sderot – Mitzpe Sderot : Inauguré en 2025, ce centre allie mémoire et écologie. Construit avec des matériaux durables et un système d’énergie solaire intégré, il domine la plaine du nord du Néguev et raconte la vie de ceux qui ont choisi de rester.
• Réhabilitation du parc d’Eshkol : Non loin de la frontière, le parc national d’Eshkol renaît. Les sources naturelles ont été nettoyées, et la flore typique du Néguev occidental replantée. Le parc devient un symbole: un poumon vert dans une zone longtemps étouffée par la peur.
Avant même la guerre, ces communautés étaient pionnières dans l’agriculture de précision et l’énergie verte. Aujourd’hui, elles reprennent ces projets avec une détermination accrue.
• Kibbutz Be’eri : installation d’un nouveau champ de panneaux solaires pour fournir de l’électricité locale et réduire la dépendance au réseau central.
• Kibbutz Nir Am : reprise des systèmes d’irrigation intelligente, basés sur les capteurs Phytech, permettant d’économiser 30 % d’eau.
• Kibbutz Re’im : création d’un corridor écologique entre les zones brûlées, pour favoriser le retour des pollinisateurs et la régénération naturelle.
Les nouvelles infrastructures touristiques ne cherchent pas à attirer un tourisme de masse, mais un tourisme de sens : venir voir comment une région blessée se reconstruit sans renier sa beauté. Le ministère du Tourisme a lancé un plan de cinq ans pour faire du Sud un territoire d’apprentissage écologique.
Jean-François Strouf