« On peut être fanatique, mais pas idiot. » C’est par cette formule tranchante que David Khalfa résume l’attitude actuelle du régime iranien face aux frappes israélo-américaines. Invité du Grand Journal animé par Steve Nadjar sur Radio J, le politologue et codirecteur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à la Fondation Jean-Jaurès a livré une analyse dense et mesurée du conflit. Entre prudence face aux premières estimations des dégâts, méfiance à l’égard des annonces politiques, et interrogation sur l’avenir des négociations, David Khalfa insiste : la logique de survie du régime prévaut sur l’idéologie.

David Khalfa exprime ses doutes quant à la possible estimation des dégâts causés par les États-Unis et Israël durant la guerre qui les a opposés à l’Iran. Il souligne que ces conclusions ne seront réalisables que lorsque l’ensemble des images des bombardiers américains et les images satellites auront été étudiées. Il faudrait aussi la confirmation des frappes par des agents infiltrés, notamment pour des sites comme celui de Fordo, situé à plusieurs dizaines de mètres sous terre. Il affirme qu’il faut prendre des « pincettes » concernant les déclarations de Donald Trump, le président américain, sur la présence d’agents israéliens à Fordo. Le cofondateur de la Fondation Jean-Jaurès le qualifie de « partisan de la post-vérité ».

Il explique que les services de renseignement américains et israéliens joueront « un rôle majeur dans la suite du conflit ». Mais il estime qu’il est aujourd’hui nécessaire de se concentrer sur l’accord de cessez-le-feu entre Donald Trump et Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien.

Selon certains médias américains, la République islamique aurait pu déplacer de l’uranium enrichi et du matériel nécessaire à son enrichissement. David Khalfa pense qu’il aurait été trop compliqué de le faire en seulement 48 heures.

Concernant la reprise des négociations, elle serait très probable en raison du niveau de destruction élevé infligé par l’armée israélienne et américaine. Ces dernières auraient également fortement affaibli les proxys de l’Iran, ainsi que leur système nucléaire et balistique. Il en déduit donc : « La logique des rapports de force devrait redistribuer les cartes au sein du régime iranien. » Il explique qu’aujourd’hui, pour la République islamique, la nucléarisation de l’armée ne doit pas être une priorité. Les mollahs doivent se concentrer sur le risque de chute du régime et sur leur survie. Il déclare même : « On peut être fanatique, mais pas idiot. »

L’invité du Grand Journal explique que la solution proposée par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, à savoir la voie diplomatique, a été largement marginalisée, aussi bien par les États-Unis que par Israël. Ces derniers estiment que la voie diplomatique est aujourd’hui impossible avec l’Iran, considérant que le régime est « traître et instable ».

Noah Azeroual